L’air conditionné pollue-t-il vraiment ?
L’air conditionné pollue-t-il vraiment ?
La climatisation n’est pas neutre pour le climat, mais son empreinte dépend du contexte. En France, où l’électricité est majoritairement décarbonée, son usage génère peu de CO2. Selon l’Ademe, « la consommation d’électricité [de la climatisation] produit moins d’un million de tonnes d’équivalent CO2 » en 2020. Un chiffre à relativiser au regard des 400 millions de tonnes d’émissions nationales cette année-là.
Gourmande en électricité
Néanmoins, la climatisation accroît la demande lors des pics de chaleur. D’après un rapport de 2022 de RTE, le réseau de transport électrique, « la canicule de juillet 2019 avait amené à atteindre une consommation de près de 60 GW, dont près d’un quart – 14 GW – uniquement dus à la climatisation », relève Libération. En soirée, quand le solaire décline, des centrales à gaz doivent parfois prendre le relais. Le 30 juin 2025, elles représentaient « 8 % du mix électrique » et ont fait grimper l’intensité carbone du kWh à 55 g, contre une moyenne annuelle de 21,7 g/kWh.
Le talon d’Achille : les gaz réfrigérants
Ce sont les fluides frigorigènes qui posent le plus gros problème. L’Ademe rappelle qu’ils sont « jusqu’à 2 038 fois plus polluants que du CO2 » et que leurs fuites « sont responsables des deux tiers des émissions de la climatisation en France ». En 2020, elles représentaient 3,5 millions de tonnes équivalent CO2, sur un total de 4,8 millions. En cas de défaut du climatiseur ou de fin de vie mal gérée, les conséquences sont donc immédiates pour le climat.
La clim rejette de la chaleur
Un autre effet secondaire de la climatisation est le rejet d’air chaud à l’extérieur. Ce phénomène accentue les îlots de chaleur urbains. Jean-Marc Jancovici, spécialiste des questions d’énergie et de climat, l’explique simplement sur BFMTV : « La climatisation, c’est comme un frigo à l’envers, un frigo refroidit la bière et réchauffe la cuisine, la clim refroidit la cuisine et réchauffe l’extérieur ».
Toutefois, l’impact global de cette chaleur reste modéré. Dans un article du CNRS, Valéry Masson, du Centre national de recherches météorologiques, nuance : « Les émissions humaines correspondent à quelques dizaines de watts par mètre carré », contre 800 watts par mètre carré pour le soleil de midi.
Un usage raisonné
« La climatisation, ce n’est pas l’horreur », conclut Jancovici. Mais son usage doit être raisonné. L’Ademe recommande d’attendre 30 °C à l’extérieur avant de l’allumer et de viser 26 °C à l’intérieur, ce qui « réduit la consommation d’électricité par deux ».
Oui, l’air conditionné pollue réellement, bien que son impact varie selon le type de climatiseur, l’usage, et l’énergie utilisée. Voici les principaux aspects de sa pollution :
Émissions de gaz à effet de serre
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Consommation d’électricité : Les climatiseurs consomment beaucoup d’électricité, surtout en été. Si cette électricité provient de sources fossiles (charbon, gaz, pétrole), cela entraîne des émissions indirectes de CO₂.
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Fluides frigorigènes : Les climatiseurs utilisent des gaz comme le HFC-134a ou R-410A, très puissants en termes d’effet de serre (plusieurs milliers de fois plus que le CO₂). En cas de fuite ou de mauvaise maintenance, ils s’échappent dans l’atmosphère.
Chauffage urbain
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Les climatiseurs rejettent de la chaleur à l’extérieur pour rafraîchir l’intérieur. Cela contribue à l’îlot de chaleur urbain, surtout dans les grandes villes denses.
Fabrication et fin de vie
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Leur production implique l’extraction de métaux rares, de plastiques, et d’autres matériaux industriels.
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Leur traitement en fin de vie est souvent mal géré, notamment dans certains pays, ce qui contribue à la pollution des sols et des nappes phréatiques.
Y a-t-il des solutions ?
Oui, il est possible de réduire leur impact :
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Climatiseurs à haut rendement énergétique (label A+++, etc.)
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Utilisation d’énergies renouvelables (solaire, éolien)
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Entretien régulier pour éviter les fuites de gaz
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Isolation des bâtiments pour réduire le besoin de climatisation
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Ventilation naturelle ou refroidissement passif (végétalisation, matériaux réfléchissants, etc.)
En chiffres (ordre de grandeur)
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Un climatiseur domestique moyen peut émettre plus de 500 kg de CO₂ par an, en fonction de l’énergie utilisée.
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D’ici 2050, la climatisation pourrait représenter jusqu’à 12 % de la demande mondiale d’électricité (selon l’Agence Internationale de l’Énergie).